La construction du livre en elle-même ne m’a pas dérangée, mais je comprends parfaitement qu’elle puisse en rebuter certains : pas de paragraphe, pas de saut de ligne, pas de chapitre. Kerouac a littéralement jeté l’histoire sur les pages, sans se soucier de la forme, du confort de lecture. Rien à foutre du conformisme, des codes d’écriture, le lecteur lira ce livre comme il lui plaira ! 
Dès le début, j’étais intriguée par la vie de Sal Paradise, Dean Moriarty, Carlo Marx et les autres. Je voyageais avec eux, partageais leurs histoires, sans toutefois vouloir y participer. J’essayais de comprendre leurs pensées, leurs états d’esprits…bref, j’étais spectatrice.
Et puis, au bout d’un moment, j’en ai eu assez de voyager avec eux. J’en avais marre, il ne se passait plus rien, je voulais rentrer à la maison. Mais j’ai continué, parce que je ne suis pas une lâcheuse
, et je suis repartie sur les routes.
J’ai fui, j’ai tracé, j’ai essayé de comprendre des choix de vie qui me paraissent fous, je suis retournée dans la bande, happée par ce désir de voyage, de rébellion, d’excès.
Et c’est précisément là où j’ai compris le livre. Oui, il est quasiment autobiographique, je l’ai déjà dit, et c’est pour cela que par moment, je m’ennuyais. Je me souviens de mes aventures avec mes amis quand j’étais plus jeune, de nos amitiés fusionnelles, nos histoires d’amour tordues, nos excès en tous genres. Et puis aussi du désir de tout vouloir voir disparaître, parce que nous étions trop souvent ensemble, trop liés, ce besoin de solitude que je prenais de temps à autre. Mais au bout d’un moment, je m’ennuyais, comme dans le livre… Et, de nouveau, j’avais cette envie d’être avec eux, de vivre, de rire, de m’engueuler, de voyager. Sur la route, c’est ça, c’est la vie d’une jeunesse américaine, c’est cette quête de liberté, avec ses déviances. Il m’a transporté ailleurs, dans un autre pays, avec de nouvelles personnes, mais également dans mes souvenirs, me faisant sourire quelques fois, me rappelant des trucs insensés que l’on faisait…des débats enflammés…tant de choses qui m’ont construites. Aujourd’hui, j’ai une vie beaucoup plus calme, beaucoup plus posée, mais je ne regrette absolument pas toutes ces années qui m’ont permis d’être ce que je suis.
Pour tout cela, ce livre est important pour moi. Il est un rappel à ma jeunesse.