Maus, Art Spiegelman

Maus

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Je me souviens de la première fois où j’ai vu la couverture de Maus. C’était dans le métro parisien, j’étais encore une enfant, mais elle m’a tout de suite marqué. Je me souviens de ces souris tristes qui n’annonçaient pas une jolie histoire. Sur les grandes affiches collées sur les murs, je ressentais comme un malaise, quelque chose qui me disait “non, cette bd n’est pas encore pour toi ma grande”.

Pourtant, elle m’a toujours intriguée et à chaque réédition, je voyais de nouveau les affiches dans les couloirs du métro, en comprenant de mieux en mieux le sujet de la bande dessinée. Mes amis m’en parlaient, les médias aussi, je savais qu’elle était culte et importante, mais ce n’est que très récemment que j’ai découvert ce chef-d’oeuvre.

L'APPRÉHENSION

Dès fois, on ne sait pas trop pourquoi nous mettons tant de temps à lire ou à voir un film culte. Pour Maus, je sais précisément ce qu’il s’est passé. De mon adolescence à ma vie de jeune adulte, j’ai lu et vu beaucoup de livres, de documentaires et de films sur la shoah. Ce n’était pas une obsession, mais j’avais besoin de comprendre comment et pourquoi une telle horreur avait pu se produire.

La violence des textes et des images que j’avais lu et vu ne me permettaient plus de continuer d’autres lectures et de voir d’autres films sur le sujet. J’ai donc laissé Maus de côté.

UN CHEF D’OEUVRE

Et puis voilà, je l’ai lu. Quelle force. Quelle puissance. Un énième choc. Art Spiegelman a écrit et dessiné l’histoire de son père Vladek, l’histoire d’un jeune juif Polonais, rescapé du camp d’Auschwitz. Malgré les relations très compliquées qu’ils entretenaient tous les deux, il a pris le temps de l’écouter, de le forcer parfois à parler de son histoire et de la transcrire brillamment. Le choix des animaux pour incarner les différentes nations et religion est indéniablement un message très fort, l’absence de couleur aussi, mais ce sont surtout les paroles franches et sans tabou de Vladek qui m’ont marquées. Elles sont percutantes, glaçantes, tellement fortes que les coupures entre les témoignages et les dessins du camp ont été essentielles pour moi. Je m’explique : Art Spiegelman dessine et nous raconte les échanges qu’il a eus avec son père, à New York, à la fin des années 70 et début 80. Il dessine ces moments partagés, ses rencontres avec ce père si difficile à comprendre. Même si leur relation n’est pas simple, ces vignettes m’ont permis de respirer un peu avant de retomber dans l’horreur de l’holocauste. Assister à des scènes de la vie quotidienne tout à fait banales comme un dîner, une engueulade conjugale ou une promenade, m’a fait faire des pauses qui m’ont permis de continuer ma lecture jusqu’au bout (c’est certainement dû à mon excès de lecture sur le sujet).

Ce que je peux dire, c’est que Maus est aussi poignante qu’un récit manuscrit ou qu’un documentaire. Elle fait partie de ces oeuvres que je ne pourrais jamais oublier. Elle est un témoignage, un document historique essentiel. Elle est pour moi, toute aussi forte que Si c’est un homme de Primo Levi qui m’avait tant bouleversé.

Pour le moment, je ne suis pas sûre que je pourrais de nouveau lire ou voir des documents sur la shoah. Il me faudra encore un certain temps, mais je recommande à tout le monde de lire cette oeuvre magistrale qu’est Maus.


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