Kanaky
Au printemps 1988, je n’étais qu’une toute petite fille, insouciante, qui ne pensait qu’à m’amuser avec mes copains et à manger du chocolat (enfin, un truc dans ce goût-là ). J’étais bien loin de m’imaginer qu’au même moment, à Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, une prise d’otages était en cours (d’ailleurs, je ne savais même pas ce qu’était une prise d’otages, ni Ouvéa, ni la Nouvelle-Calédonie).
Kanaky retrace cette histoire, et celle d’Alphonse Dianou, 28 ans, l’un des organisateurs de la prise d’otages. Né en Nouvelle-Calédonie, militant au FNLKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), il se battait pour l’indépendance de son pays, la Kanaky, colonisée depuis de trop longues années par la France. Pacifiste, admirant Gandhi et se prédestinant à une vie de prêtre, quel a été le parcours de cet homme ? Comment a-t-il pu basculer et pourquoi en est-il arrivé là ?
Joseph Andras a voulu comprendre, creuser la question, car à l’époque des faits, seule la version des militaires était publiée dans les journaux. On entendait néanmoins des rumeurs sur la possibilité qu’Alphonse Dianou n’aurait pas été armé, ou bien qu’il aurait été enterré vivant … L’auteur a voulu donner la parole à ceux que l’on n’avait pas entendu, les preneurs d’otages et leur famille, pour en apprendre plus sur cette affaire qui défraya la chronique en pleine élection présidentielle française, et pour découvrir la personnalité d’Alphonse Dianou.
Au fil de ses rencontres, Joseph Andras parcourt la Nouvelle-Calédonie et nous fait voyager. Il décrit extrêmement bien les ambiances, les parfums, les paysages des îles. Cela ajoute un côté « carnet de voyage » à son enquête qui est très agréable.
L’enquête est passionnante, le voyage est magnifique, et la plume et vraiment très belle. J’ai été complètement conquise par ce livre que je vous recommande chaudement, il a même été l’un de mes coups de cœur de l’année 2018.