Cinq dans tes yeux
Voici une déclaration d’amour. Un livre qui crie sa passion pour Marseille, pour le quartier du Panier plus précisément. Et j’adore ça, quand les auteurs débordent d’amour pour un lieu, une ville, peut-être même plus que pour une personne (oui, c’est peut-être bizarre, mais que voulez-vous, c’est comme ça 😅).
Bref, passons.
Stress, Nordine, Ichem, Kassim, Djamel et Ange sont une bande de potes, vivant au Panier à Marseille, quartier encore très populaire dans les années 90. Issus de toutes origines, ces garçons vont vivre ensemble une enfance et une adolescence intenses, mouvementées par les défis de la rue et de la vie.
Stress, le narrateur, navigue entre ses souvenirs de cette vie passée au Panier et sa vie d’adulte. Il nous fait voyager dans son quartier qu’il ne reconnaît plus. Autrefois populaire, multiculturel, insalubre et confronté à la débrouille, il est aujourd’hui méconnaissable : les bobos (ou les “Venant” dans le texte) ont envahi le terrain, poussant les habitants d’antan à partir plus loin.
Ses souvenirs de conneries faites ici et là avec ses potes se transforment presque en un récit historique de ce qu’était Marseille dans les années 90. Comment tout a pu changer aussi vite ? Comment Marseille a pu devenir aussi lisse, aussi pastel, aussi chiante en fait, pour le dire clairement du point de vu de Stress.
Je pense que ce roman peut vraiment être lu comme un témoignage sociologique. On y découvre les galères des habitants d’un quartier ultra-populaire, l’arrivée de la gentrification, et le Marseille branché d’aujourd’hui. Et en plus, tout cela est écrit avec humour, mais aussi avec beaucoup de tendresse.
En lisant ce livre, je ne pouvais m’empêcher de faire le parallèle avec le Paris que j’ai connu dans les années 90. C’est à peu près la même histoire : transformation des quartiers populaires, gentrification, ville musée, les pauvres, barrez-vous ! (pour faire court).
Personnellement, la lecture de ce roman ça m’a vraiment donné envie de retourner à Marseille, parce que je n’en ai aucun souvenir (la dernière fois que j’y suis allée, je devais avoir 8 ans). Et quand j’irai, j’essaierai d’imaginer ce qu’a pu être le Panier des années 90.
Un très beau roman d’amour à lire ❤️