L’art de fuir, mais fuir quoi ?
La police, les membres de gangs rivaux, les femmes, les amantes, la famille. Toujours être obligé de fuir quelque chose ou quelqu’un pour (sur)vivre dans le ghetto. Toujours être sur le qui-vive, regarder derrière soi, observer les allées et venues, les voisins, les amis, les attitudes des uns et des autres pour savoir qui a balancé qui.
Défaire des relations amicales et amoureuses par suspicion, s’en créer d’autres pour s’assurer une protection.
Se faire choper par la police, être arrêté, avoir un mandat sur le dos que l’on ne peut pas payer, être relâché, surveiller ses arrières de peur d’être arrêté de nouveau. Se priver de soins médicaux, de travail ou de toutes choses fondamentales, voir vitales, de peur d’être arrêté de nouveau sous n’importe quel prétexte.
Voilà la vie des habitants du quartier ou Alice Goffman a enquêté pendant 6 années : un quartier pauvre de la banlieue de Philadelphie, frappé par la misère, la pauvreté, les trafics en tout genre et les violences que cela implique (violences entre les gangs et violences policières).
La police est partout et la menace d’être incarcéré un jour est constante. Les habitants vivent avec ça, apprennent à grandir et à se construire avec ça, car ils le savent, le système judiciaire et policier ne les lâchera pas. C’est comme ça que ça se passe dans les quartiers pauvres.